Le classement des dix endroits les plus pollués dans le monde. L’Inde et la Chine montent l’échelle de ce triste palmarès, par Stephen Leahy
L’Inde et la Chine, avec leur industrialisation effrénée, ont décroché pour la première fois quatre places dans le top dix des endroits les plus pollués de la planète, selon un rapport publié par des groupes écologistes américains et européens. « Deux sites à haut niveau de toxicité en Chine et en Inde sont en effet apparus dans ce classement cette année », explique Richard Fuller, directeur du Blacksmith Institute de New York, un groupe écologiste indépendant qui a publié la liste en partenariat avec la Green Cross suisse. « Nous sommes surpris que ces sites n’aient pas été répertoriés avant cela », ajoute-t-il. À Tianjin, dans la province chinoise d’Anhui, 50% de la production nationale de plomb y est extraite, dans des installations souvent précaires et illégales.
Les taux de contamination constatés sont dix à 24 fois supérieurs aux normes chinoises. 140 mille personnes seraient touchées. En Inde, la vallée de Sukinda, dans l’état d’Orissa, abritant 2,6 millions d’habitants, est l’une des plus grandes carrières à ciel ouvert de chromite. Elle opère sans aucun plan de gestion environnementale. 30 millions de tonnes de déchets ont été dispersés dans les environs et les eaux non traitées sont déversées dans la rivière locale.
Les « dix communautés les plus meurtrières » de 2007 sont Sumgayit en Azerbaïdjan, Linfen et Tianjin en Chine, Sukinda et Vapien en Inde, La Oroya au Pérou, Dzerzhinsk et Norilsk en Russie, Tchernobyl en Ukraine et Kabwe en Zambie. Ces sites sont en général très peu connus, même par les habitants du pays eux-mêmes. Pourtant, au total, ils affectent la santé de dix millions de personnes, constatent à ce jour les experts. La pollution y provoque, dans une plus grande mesure que d’autres zones moins polluées, des cas de cancers, des problèmes à la naissance, des retards mentaux et des espérances de vie plus basses.
Ce top dix est basé sur des critères établis par un panel d’experts internationaux de l’Université Johns Hopkins, du Hunter College, de l’Université de Harvard, de l’IIT de Delhi, de l’Université de l’Idaho, du Mt. Sinai Hospital et des principales firmes de remédiation environnementale. Pour 2007, ils se sont penchés sur le poids de l’ampleur et de la toxicité de la pollution, ainsi que sur le nombre de personnes mises en péril. Toujours selon Richard Fuller, 400 sites ont été examinés, mais cela ne représente cependant qu’un ou deux tiers des régions les plus toxiques du monde. « On n’a que peu d’informations sur l’Asie centrale ou l’Amérique Latine », avoue-t-il.
Richard Fuller insiste sur le fait que nombre d’enfants sont malades et meurent dans ces zones polluées. « Il ne serait pas compliqué de réparer les dégâts », déclare-t-il. Mais l’effort de nettoyage semble souvent trop important et trop coûteux aux yeux des gouvernements locaux. « Nous avons subventionné trop peu de programmes. Il est temps pour nous de retrousser les manches à présent », ajoute l’américain. « Les gouvernements ne se rendent pas compte de l’impact économique de cette pollution toxique. Les personnes qui décèdent ou qui sont malades les années où elles auraient été plus productives représentent une perte terrible pour leur pays », ajoute Stephan Robinson, de Green Cross suisse. Cette ONG œuvre à la remédiation des dommages occasionnés par l’industrie ou par le secteur militaire. Reste à présent à prendre des mesures urgentes afin de transformer ces coins d’enfer sur Terre en zone viables.