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Mise en ligne: 1er mars 2017

L’accès aux biens communs est déterminé par le pouvoir économique. Et pourtant...

Au cas où nous serions tentés de croire que la famine a été éradiquée une fois pour toutes de la face de la Terre, le gouvernement du Sud-Soudan s’est rappelé à nous ces derniers jours en déclarant l’état de famine dans plusieurs zones du pays, notamment au sein de la région pétrolière d’Unité.

Si bien que la moitié de la population du jeune Etat sud-soudanais, soit cinq millions de personnes, a besoin à présent d’une aide alimentaire d’urgence. De surcroît, plus d’un million d’enfants sud-soudanais de moins de cinq ans souffrent de malnutrition sévère. La situation est dramatique au point que le gouvernement fait appel à l’aide internationale via les organisations d’urgence et de développement.

Et ce n’est pas le seul pays du monde dans lequel la famine menace : le Yémen, la Somalie et le Nigeria sont aussi touchés par ce fléau qu’on voudrait révolu. La guerre et la sécheresse peuvent être incriminées comme causes immédiates dans la plupart des cas. Mais pas seulement...

Dans le monde occidental, l’urgence de changer notre rapport à l’alimentation vient principalement d’impératifs de santé et d’environnement tandis qu’ailleurs l’impératif absolu pour de larges tranches de la population c’est encore et toujours de manger à sa faim.

On le voit, l’alimentation est bel et bien un droit fondamental sans lequel rien n’est possible. C’est par la voie de l’alimentation en tant que bien commun que nous entrerons dans la thématique qu’aborde ce numéro d’Antipodes qui fait aussi une place à des questions comme l’appropriation des terres et les jardins potagers, la privatisation de l’eau et les données personnelles et même à l’image d’une ville.

Car ces biens communs, l’ensemble des ressources naturelles et culturelles —L’air, l’eau, la terre, la flore, la faune, les milieux naturels, l’éducation, la santé, l’art, l’information— sont de plus en plus matière à privatisation, si bien que l’accès à ces biens pour l’ensemble des membres de la société devient aléatoire et surdéterminé par le pouvoir économique ou par leur carence.

En parallèle, la réponse de la société prend forme et une vague d’activisme et de projets novateurs axés sur les biens communs gagne du terrain un peu partout dans le monde.

Les biens communs et les ressources communes ainsi que les pratiques de résistance à leur marchandisation forment un thème qu’ITECO compte développer davantage dans le futur immédiat. Cette publication en est l’introduction.

Bonne lecture.