Par Justine Contor
Les dispositifs sont des ensembles de procédures qui contrôlent, mesurent, disciplinent les organisations, mais aussi les individus. Ils les classent, les accréditent, établissent si ils ou elles sont de bonnes ou de mauvaises structures, des professionnels.les efficaces ou défaillants, qu’il est préférable de sortir du circuit ou de conserver en son sein.
Par l’intensification des règles, des normes, des processus d’audit, de labélisation de la qualité, cette rationalité néolibérale doit s’analyser dans sa granularité, puisqu’elle n’est pas le fruit d’un complot venant d’en haut. Elle se déploie au travers de chaque acteur, chaque sujet qui, comme le dit Hibou « consciemment ou non, [fait] de ce processus en le promouvant ou en le combattant, en jouant avec lui ou en se jouant de lui » une « forme sociale du pouvoir » (2012, p. 17).
Cette disciplinarisation se donne à voir dans une rationalité néolibérale en ce sens qu’elle structure et organise la conduite des gouvernés (Dardot et Laval, 2010), entendus dans notre thèse comme étant les organisations non gouvernementales, leurs travailleurs, mais aussi l’administration fédérale et les structures intermédiaires du secteur (fédérations et coupoles).
La rationalité néolibérale déclinée sous formes d’injonctions politiques fortes par le cadre international, elles-mêmes traduites en dispositifs gestionnaires pratiques, se heurte parfois au fil de l’histoire à des poches de résistances ralentissant pour un temps son inexorable progression. En effet, s’intéresser au pouvoir met en lumière les espaces de négociation, de redéfinition, de résistance qui suite à l’analyse de ce secteur de la coopération non gouvernementale riche et complexe de diversité, montrent à quel point il s’agit d’un objet de recherche éminemment politique.
Cette quête de performance est à la fois productrice d’exclusion, de formes de domination entre les gagnants et les perdants de l’histoire, eux-mêmes définis sur la base de critères que le secteur ne peut complètement assimiler, créant un effet de double-contrainte en son sein. Ce faisant, la disciplinarisation des individus jusqu’au plus profond d’eux-mêmes, renforce et légitime la rationalité néolibérale qui se joue au niveau sectoriel et politique.