Orientation, régulation, certification ?

Mise en ligne: 18 juillet 2012

Au départ de tout processus d’évaluation, il est essentiel de déterminer le type de décisions que l’on est amené à prendre. Cerner la nature de la décision nous permet de préciser les objectifs de l’évaluation.

Selon différents chercheurs en évaluation, notamment dans le domaine de l’éducation, trois types de préoccupations peuvent nous guider : des décisions d’orientation d’une action, des décisions d’amélioration d’un processus, des décisions de poursuite ou non d’une action. Jean-Marie De Ketele, psychopédagogue, professeur et chercheur à l’UCL, synthétise les différents types d’évaluation en adéquation avec les trois types de décisions recherchés, de la manière suivante :

L’évaluation d’orientation est un processus d’évaluation débouchant sur une décision d’orienter soit une action au sein d’un système soit une personne, en fonction d’un contexte, des besoins, des caractéristiques et des performances antérieures du système ou de la personne concernée. L’évaluation d’orientation précède l’action afin de prendre une décision anticipée.

Quand elle se rapporte à une action, elle a une double fonction, elle permet de dégager les objectifs de l’action à partir de l’ évaluation du contexte (analyse du contexte en cause, identification des besoins à combler, prise en compte des contraintes en vue de la définition des objectifs de l’action). Elle permet ensuite de préciser les moyens à mettre en œuvre, les ressources à mobiliser et le programme à mettre en œuvre. Ce que certains auteurs appellent l’évaluation des intrants.

L’évaluation de régulation vise à corriger ou à ajuster le fonctionnement d’un système afin de l’améliorer. Ce sont des évaluations de fonctionnement, destinées à revoir les procédures mises en œuvre en cours de processus. Elles se déroulement généralement pendant l’action.

On parlera d’évaluation formative lorsqu’elle s’applique à une personne en apprentissage. On analyse davantage les procédures —démarches visibles— que le processus — démarche mentale. Elle a pour objectif d’assurer la progression de chaque personne dans une démarche d’apprentissage, avec l’intention de modifier la situation d’apprentissage ou le rythme de cette progression, pour apporter des améliorations.

Dans le cas d’une évaluation formatrice, l’objectif est d’obtenir une double rétroaction : sur les différentes personnes en apprentissage mais aussi sur l’équipe pédagogique pour qu’elle améliore ses compétences.

L’évaluation de certification débouche sur une décision dichotomique de réussite ou d’échec, relatif à une période d’apprentissage, d’acceptation ou de rejet d’une promotion, de poursuite d’une action ou de l’arrêt de celle-ci. Elle se met en place habituellement en fin du processus éducatif.

Différentes évaluations spécifiques se rattachent à l’évaluation de certification : l’évaluation de sélection, une évaluation a priori en vue de sélectionner des candidatures ou différentes propositions, à travers des critères de sélection, des examens d’admission. Une évaluation de classement qui concerne principalement les performances des personnes. Elle prolonge une évaluation de certification en rangeant les personnes les unes par rapport aux autres. Et l’approche sommative, approche méthodologique qui se centre sur le bilan des acquis au terme d’un processus d’apprentissage ou de formation.

En synthèse, ces trois grandes catégories d’évaluation sont valables tant pour l’évaluation des performances des personnes que pour l’évaluation d’une action. Les informations à recueillir peuvent être identiques, par contre la nature des décisions varie selon qu’elle concerne des individus ou un programme d’action.

Après avoir clarifié les décisions à prendre et déterminer les objectifs de l’évaluation, sa raison d’être, il est nécessaire de concevoir un cadre clair dans lequel va se mettre en place le processus d’évaluation. Différentes questions peuvent nous aider à le concevoir :

Evaluer pour qui ?
Quels sont les acteurs concernés par l’évaluation ? Quelles sont les motivations et les intérêts propres à chacun de ces acteurs dans l’évaluation ?

Evaluer quoi ?
Sur quoi porte l’évaluation ? Quel est l’objet de cette évaluation ? Les actions, les acteurs, les systèmes, l’impact ?

Qui évalue qui ?
On distingue trois types d’acteurs pouvant mener un processus d’évaluation. Les frontières en entre elles ne sont pas fermées. L’évaluation peut donc être menée : -*par un expert ou par une équipe, indépendants de l’action menée (évaluation externe) par les responsables de l’action soit seuls, soit assistés par un expert externe (évaluation interne), -*par les acteurs impliqués dans l’action. Dans ce cas-ci, l’évaluation est une méthode d’appropriation de l’action par le groupe (autoévaluation).

Evaluer par rapport à quoi ?
Les données permettant d’évaluer n’existent pas à l’état brut. Il faut les construire, les cerner, les préciser en répondant à la question : à partir de quels faits, de quelles observations, pourrons-nous dire que les objectifs sont atteints et les méthodes sont adéquates.

La fiabilité d’une évaluation tient à une distinction clairement établie entre le constat de la réalité et la formulation d’un jugement. Un jugement est formulé grâce à des outils que sont les critères. Un critère est un angle de vue porté sur un objet. Les critères représentent une garantie de rigueur permettant d’éviter les risques d’arbitraire et les manques de fondement des appréciations. Les critères sont appréciés par une série d’indicateurs qui sont les signes que l’on peut mesurer de manière plus objective ou qualifier pour les aspects non mesurables.

Evaluer quand ?

  • Avant de commencer le projet.
  • Pendant le projet.
  • A la fin du projet.
  • Après le projet.

Evaluer comment ?
La démarche d’ensemble d’une évaluation comprend, dans l’ordre, les principales étapes suivantes :

  • Définition des questions et des thèmes de l’évaluation.
  • Elaboration des termes de référence, du cahier de charges.
  • Choix et construction des outils d’évaluation : élaboration d’instruments de jugement —critères— et d’observation —indicateurs
  • Recueil des informations. -*Analyse des informations recueillies.
  • Etablissement d’un premier diagnostic.
  • Restitution des informations et confrontation du diagnostic avec les avis des participants aux restitutions.
  • Rédaction du rapport final. Les termes de référence précisent :
  • Les questions et les thèmes devant faire l’objet de l’évaluation.
  • Le moment et les délais.
  • Les intervenants, leurs rôles, droits et devoirs.
  • La forme de restitution des résultats.
  • La participation aux séances de restitution.
  • Les conditions de financement de l’évaluation.

Méthodes de recueil d’information  : Une fois qu’on a déterminé ce que l’on veut recueillir comme informations, il est nécessaire d’élaborer une stratégie de recueil d’informations, stratégie qui elle-même va faire appel à des méthodes de recueil d’informations. On utilise quatre principales méthodes :

L’interview est une méthode qui consiste à des entretiens oraux, individuels ou en groupe, avec plusieurs personnes sélectionnées soigneusement, afin d’obtenir des informations sur des faits ou des représentations, dont on analyse le degré de pertinence, de validité et de fiabilité en regard des objectifs du recueil d’informations

L’observation a pour objet principal des comportements observables —alors que l’interview a pour objet principal le discours du sujet. L’observation se situe essentiellement dans le présent et généralement à sens unique, sauf dans l’observation participante, dans laquelle l’observateur est aussi acteur

Le recours à des questionnaires : Le questionnaire de contrôle des connaissances est fréquemment utilisé pour recueillir de l’information sur une activité demandée à un public spécifique et un contenu sur lequel s’exerce cette activité. Les activités et les contenus s’organisent autour de savoirs, du savoir-faire, du savoir-être, du savoir-devenir.

Le questionnaire d’enquête est une étude d’un thème précis auprès d’une population dont on détermine un échantillon afin de préciser certains paramètres.

L’étude de documents prend des formes très diverses en fonction de la nature des documents, écrits, audio, visuel, images, de type scientifique, officiels, à usage large ou spécifique, la quantité des documents à analyser par échantillonnage ou de manière exhaustive, l’objet et but de la recherche documentaire ou de dépouillement d’archives.