Participer à la dynamique sociale marocaine à partir de Bruxelles, propos de Driss El Korchi recueillis par Antonio de la Fuente
Driss El Korchi, vous faites partie du Groupe de Coopération Belgique-Maroc. Qui fait partie du groupe et pourquoi est-il né ?
Ce groupe est, pour l’instant, un groupe informel sans véritable structure administrative. Nous n’avons pas encore de porte-parole officiel même si, pour certaines activités, le groupe a mandaté des membres pour le représenter. Ce fut le cas, par exemple, lors du Forum social marocain qui s’est déroulé à la fin juillet 2004 à Rabat. Aujourd’hui, je m’exprime à titre personnel. Notre groupe s’est construit en deux phases. La première étape peut se présenter comme suit :
Quels sont les objectifs du groupe et les projets qu’il voudrait mener ?
Pour ce qui est de nos objectifs en tant que groupe, je reprendrai ce qui, après de longues discussions, a été retenu dans notre projet de plate-forme :
Notre désir est de participer à la dynamique sociale qui se développe au Maroc. Cette dynamique est, selon nous, la garantie et le moteur principal de tout développement durable. En renforçant la capacité des gens à se prendre en main, cette dynamique est essentielle pour sortir le pays de l’état de stagnation dans lequel il se trouve et dont les causes sont, notamment, les suivantes :
Pourquoi vous appuyez-vous sur une démarche formative pour atteindre vos objectifs ?
Durant la première phase, l’approche formative était considérée comme la continuité du travail entamé au sein du groupe. Suite à la dissolution de ce premier groupe, l’approche formative s’est petit à petit imposée comme la voie par laquelle il fallait passer afin d’atteindre nos objectifs généraux.
Comment appréciez-vous l’atelier de formation que vous avez suivi ?
Le groupe, ainsi que je l’ai mentionné plus haut, était au départ constitué de personnes issues d’horizons relativement différents, qui ne se connaissaient pas toujours entre elles mais qui désiraient travailler dans le cadre de la coopération entre le Maroc et la Belgique. La diversité qu’offraient ces partenaires potentiels a constitué un élément enrichissant, parce qu’elle était cadrée ; sans quoi elle aurait pu mener à terme à des malentendus voire à des dissensions. A ce titre, la formation a été un moment particulièrement important et s’est révélée tout à fait appropriée dans la première étape de constitution de notre groupe. En effet, elle a permis aux membres du groupe de mieux faire connaissance dans le cadre d’un projet à construire. Les discussions et le travail en petites équipes constituées de manière semi aléatoire ont amené chacun à présenter ses attentes et ensuite à écouter celles des autres. Et, dans l’ensemble, les personnes ont pu s’apprécier. Pour ce qui est de la méthodologie, les outils qui nous ont été fournis nous ont aidés à mieux cerner la problématique de notre projet et à nous situer par rapport aux différentes approches liées à la coopération et au développement. Finalement, en ce qui concerne les objectifs que nous nous étions fixés pour la formation, c’est-à-dire déterminer, au terme de cette dernière, nos capacités, nos volontés et nos possibilités de travailler ensemble, nous avons conclu qu’il existait de fortes potentialités pour qu’un travail commun soit fructueux.
Connaissez-vous d’autres expériences formatives intéressantes au sein de la communauté marocaine ou ailleurs ?
Une expérience se déroule au Maroc, avec laquelle nous espérons construire un lien solide. Elle est menée conjointement par le Réseau des associations de quartier de Casablanca, Resaq, au Maroc, et SolSoc en Belgique, en collaboration avec ITECO. Les objectifs de cette action sont de dégager, à partir de l’expérience concrète des acteurs du travail de proximité, une grille d’analyse qui permette de conceptualiser ce que devrait être le travail de proximité dans les quartiers urbains et péri-urbains, et établir un lien Nord-Sud autour de la démarche. La démarche consiste à sensibiliser et former des jeunes acteurs du travail de proximité au Maroc en réalisant des ateliers d’une durée moyenne de cinq jours, en utilisant les techniques pédagogiques d’ITECO, adaptées au contexte local. Les techniques pédagogiques sont progressivement appropriées par les participants. Cette expérience est prévue pour une durée de cinq ans en plusieurs phases.
[1] Makhzen : système administratif du Maroc traditionnel, perpétué par le pouvoir pour asseoir sa domination.