Né au sein d’un atelier avec des animateurs associatifs conduit par ITECO au Maroc, ce petit précis énonce, sans les épuiser, quelques questions clés pour réussir un atelier de formation, par Antonio de la Fuente
Le programme est un élément central d’un atelier de formation. Vaut-il mieux que le programme soit bien chargé ? Plusieurs facteurs amènent parfois à remplir le programme au-delà du souhaitable, souvent dans le but de former « au maximum » les participants. Néanmoins, un programme trop chargé peut nuire à l’implication du groupe et à la réussite d’une démarche participative.
Il convient toujours d’expliciter les attentes et les craintes que les participants ont par rapport à l’atelier au début de celui-ci ; les répertorier permet de mieux « sentir » le groupe, de préciser les objectifs de l’atelier et de pointer, s’il y a lieu, des attentes qui seraient hors d’atteinte dans le cadre de l’atelier ; les identifier aide à diminuer des frustrations éventuelles.
D’une façon générale, au mieux un atelier a été préparé, au mieux on peut intégrer des nouveautés et faire face à des imprévus. Bien préparer veut dire avoir examiné les imprévus qui peuvent se présenter et avoir des alternatives à ceux-ci.
L’animateur n’est pas censé tout savoir ni être à même de régler tout dans ses moindres détails. Il est par contre responsable de faire avancer le groupe dans la quête de réponses adaptées. Dans ce dessein, il peut faire appel aux ressources existantes au sein du groupe.
Parfois, un certain flou peut se présenter au sein des participants lors des échanges, ou consécutivement à une présentation. « On voit mal où l’on va », « cela tourne en rond », « cela part dans tous les sens », on entend dire. Cette incertitude est normale au sein d’un processus formatif. Il est important que l’animateur « recadre ».
L’animation est une tâche à part entière et nous avons tendance à croire qu’on peut faire plusieurs choses à la fois et à nous inscrire dans un temps linéaire, qui nous permet de nous rattraper. Hélas, ce n’est pas toujours le cas. L’animateur contrôle la satisfaction d’un groupe par rapport à l’emploi du temps partagé ; le formateur a la possibilité de gérer le temps de parole au vu des objectifs. La différence entre réunion et formation se trouve dans les objectifs de l’une et de l’autre. Mais l’animateur peut se laisser emporter par le contenu de la discussion et peut rencontrer des difficultés à gérer le temps ; le formateur est moins tenu par cette contrainte. Dans tous les cas, laisser la possibilité à tous de s’exprimer sans trop s’attarder dans les apports permet de bien gérer le temps.
Faire appel à une démarche de décentration peut être utile. Exprimer clairement que cet élément met en danger la possibilité d’atteindre les objectifs de l’atelier de manière à ce que cela devienne explicite par le groupe. Enfin, ne pas personnaliser le conflit (animateur vs perturbateur), toujours garder le groupe comme référent. Il s’agit en somme de concilier la responsabilité de l’animateur et le pouvoir du groupe dans l’objectif d’atteindre les objectifs d’un atelier.
Il est important de faire régulièrement des synthèses qui reprennent les principaux éléments apparus au cours d’un atelier, les acquis, les questionnements, les doutes, éventuellement les impasses.
L’éventuel « pouvoir » de l’animateur est, dans la réalité, fort limité et instrumental ; il doit se limiter à l’atteinte des objectifs de l’atelier, il ne peut pas devenir source de jouissance psychologique. En bref, l’animateur est responsable de gérer le pouvoir du groupe en vue d’atteindre les objectifs fixés.