Migrants, le cinquième pays le plus
peuplé du monde, par Antonio de la Fuente
Si les 175 millions de migrants étaient rassemblés en une même entité politique, ils représenteraient le cinquième pays le plus peuplé du monde. C’est le Bureau international du Travail, BIT, qui fait ce calcul dans son dernier rapport sur les migrations internationales [1]. Dans les dix prochaines années, toujours selon le BIT, le monde va connaître un accroissement rapide du nombre de migrants en quête d’emploi et de sécurité humaine du fait de l’échec de la mondialisation à fournir des emplois et des ouvertures économiques.
De plus en plus de pays sont impliqués désormais dans la migration, soit comme pays d’origine, soit comme pays de destination ou de transit, ou tout cela simultanément. Près de la moitié des migrants et des réfugiés à travers le monde, soit 86 millions d’adultes, sont actifs économiquement, employés ou impliqués dans une activité rémunéré.
Le BIT met en lumière cinq constats principaux :
Ce sont les différences économiques, politiques et démographiques entre les pays et le manque d’emplois et de travail décent, de sécurité humaine et de libertés individuelles qui permettent de mieux expliquer les migrations contemporaines. Certains pays ont développé une « culture de l’émigration ». Parallèlement, il y a de profondes conséquences pour les pays d’accueil, mais il y a également un problème de perception de l’impact de la migration. Le rapport cite des études réalisées à la fois en Europe occidentale et aux Etats-Unis indiquant peu de changements dans l’échelle des salaires du fait de l’immigration, avec quelques indications de l’amélioration des salaires des travailleurs les plus qualifiés durant les périodes de forte immigration. Au lieu de cela, les ajustements que la société doit apporter pour accueillir des immigrants d’origines différentes sont devenus sujet de débats publics. La migration donne lieu à des tensions quand elle ne mène pas à l’intégration.
Les conditions de travail pour une grande partie des migrants, toujours d’après le BIT, sont marquées par l’abus et l’exploitation, quelquefois prennent la forme de travail forcé, et trop souvent un déni des droits syndicaux, de la discrimination et de la xénophobie. Les migrants sont souvent désavantagés à plusieurs égards. En tant que travailleurs temporaires ils n’ont souvent que des droits limités. Malgré le fait qu’on reconnaît généralement que les migrants sont sujets de discriminations et de pratiques abusives, peu de programmes de formation spécifiquement conçus pour ce collectif sont mis en place et quand c’est le cas, ces programmes s’avèrent souvent inadaptés. C’est au monde associatif que revient souvent la responsabilité de combler ce manque, en faisant preuve d’inventivité, et en exigeant des pouvoirs publics les moyens pour mettre sur pied des initiatives formatives novatrices.