Conseil des ministres de finances, Ecofin, à Liège, où il devrait être question du contrôle des flux financiers spéculatifs, conseil informel des transports à Louvain-la-Neuve, en ce mois de septembre, conférence sur l’immigration avant le sommet informel de Gand, en octobre, en préparation du sommet des chefs d’Etat et de gouvernements qui aura lieu à Laeken les 14 et 15 décembre, la présidence belge de l’Union européenne hisse le plat pays en terre de sommets.
La pression des mobilisations anti-mondialisation devrait être aussi au rendez-vous des sommets belges telle qu’elle le fut lors de la ronde de négociations de l’OMC à Seattle, des sommets européens de Göteborg et de Nice et du G8 à Gênes, où l’on a vu le dérapage meurtrier de la police italienne. A travers cette mobilistation, le tiers monde parvient à faire entendre certaines de ses points de vue si pas au sein au moins autour des cénacles où les grands de ce monde prennent décident. Surpris par l’ampleur de la contestation, les gouvernants européens essayent d’adapter leur stratégie et leur langage à la nouvelle donne. C’est ainsi que le chancelier allemand Gerhard Schröder, entreouvrant une porte au débat sur la taxe Tobin,a tenu ces propos : « Les politiques seraient bien avisés de prendre très au sérieux les protestations. Je ne parle pas des casseurs mais d’une grande majorité de jeunes engagés qui ne relâchent pas la pression et nous avertissent que le développement économique doit aussi avoir une vocation sociale. Nombre de ces militants issus par exemple de groupes proches des Eglises ou d’initiatives pour le tiers monde, qui craignent une domination incontrôlée des marchés financiers et des grandes sociétés et s’engagent pour l’équité et la solidarité mondiales, ne sont en aucun cas des fous ».
Le ministre belge des affaires étrangères Louis Michel a choisi quant à lui une stratégie plus trapue : « Aujourd’hui, les médias se gardent de critiquer les organisations non gouvernementales, a-t-il déclaré. Or c’est un phénomène totalement irresponsable, qui manque complètement de transparence et de représentativité, c’est un corpus qui ne représente souvent que lui-même, qui a la prétention d’avoir le monopole de la bonne conscience, qui ne doit de comptes à personne, bref des gens intouchables. Je respecte les ONG, mais je n’entend jamais un journaliste poser de question à leur sujet : comment contrôlet- on leur finances ? A quoi sert l’argent ? Pourquoi, quand vous êtes à Pristina, au Kosovo, vous trébuchez littéralement sur les Toyota 4x4, qui coûtent très cher, avec au volant des espèces de boy-scouts attardés qui jouent à l’homme sérieux mais n’aident pas vraiment ? Pourquoi cette loi du silence ? Parce que c’est la société civile, réputée parfaite, qui a le monopole de la bonne conscience, qui ne profite pas, qui n’est pas malhonnête ? Or il est évident qu’elle fait tout cela. Au nom d’une sorte de terrorisme moral, on a en fait pris le politique en otage. On a laissé croire à l’opinion que tout ce que ces gens-là font, c’est bien, alors que ce que font les hommes politiques est mal ». Même s’il est revenu par la suite sur ses déclarations en admettant qu’il y avait été « un peu fort », certaines ONG lui ont répondu en se drapant de leur dignité blessée. Elles auraient pu en faire une lecture positive. Louis Michel dit respecter les ONG et c’est déjà cela de gagné, un sacré progrès par rapport à l’antérieure participation des libéraux au pouvoir en Belgique où, courant les années quatre-vingt, feu le ministre Jean Gol n’avait pas attendu l’exemple du gouvernement de Berlusconi pour faire perquisitionner notamment le siège d’Oxfam.