A propos - Rendez-vous à Gênes

Mise en ligne: 2 novembre 2015

La mondialisation est un poulpe. Elle étreint, étouffe, désespère. Les pays les plus pauvres plongent en piqué. La violence des inégalités est digne d’une bombe à retardement. Le sommet des pays les moins avancés ne va faire que le constater. La cruauté économique et sociale règne. L’Amérique latine l’illustre bien. Où en sont
l’Argentine ou l’Equateur, qui ont suivi les conseils de libéralisation de leur La mondialisation est un poulpe. Elle étreint, étouffe, désespère. Les pays les plus pauvres plongent en piqué. La violence des inégalités est digne d’une bombe à retardement. Le sommet des pays les moins avancés ne va faire que le constater. La cruauté économique et sociale règne. L’Amérique latine l’illustre bien. Où en sont l’Argentine ou l’Equateur, qui ont suivi les conseils de libéralisation de leur économie ? Dans le vide. Le niveau de vie a fondu. Le système vacille, le krach financier menace. Même ceux qui dirigent le monde n’y croient plus, ils ne contrôlent plus la machine, le train fou. Il y a dans le système actuel une culture de la prédation, une vision rapacière des choses : mangez l’autre ! Regardez les profits record des multinationales, plus importantes que les Etats. Le monde ressemble à une foire du mensonge, à laquelle même les plus libéraux ne croient plus. C’est une course entre deux voitures de cylindrées différentes. D’un côté, le délire économique, la folie agroalimentaire, l’emballement génétique. De l’autre, l’instinct de conservation, purement animal, qui pousse des gens à s’élever contre la dilapidation du futur, à vouloir autre chose pour leurs enfants. La nouveauté est là ; ce ne sont plus seulement les intellos qui demandent des comptes. C’est le peuple : le marin-pêcheur de Galice, le paysan indien, le syndicaliste sud-américain. La contestation de la mondialisation se fait par en bas. Le « non » gagne du terrain. Les peuples se réveillent, entrevoient une lueur d’espoir. Ça a commencé avec Marcos, au Chiapas. C’est lui, visionnaire, qui a préfiguré Seattle. Qu’ont fait les zapatistes ? Ce qu’on peut faire, tous. Se bouger, à l’échelle d’une famille, du quartier, ou d’une association. Agir localement et penser globalement. Bien sûr, on fait tous partie du Poulpe. Vous. Ou moi, musicien produit par Virgin. Mais on a un devoir de révolte contre la logique du nihilisme. Un mouvement planétaire est en marche. A Seattle, Porto Alegre, ces brèches, ces poches d’espoirs, c’est énorme. J’essaye de faire bouger ça. Je suis membre d’Attac. Je suis très proche de Ya Basta. J’ai reversé des royalties pour les zapatistes. Je serai à Gênes, pour le sommet du G7, en juillet. Ils sont fous d’avoir fait ça là-bas. La contestation va atteindre des sommets. On nous dit : quelle légitimité vous avez ? Celle du nombre, du droit de refuser, de la désobéissance civile. On tente aussi de nous discréditer, en provoquant des violences. On veut, comme le FMI ou la Banque mondiale, récupérer les plus modérés. Mais cette contestation est un tout : radicaux, réformistes, souverainistes, internationalistes. On ne veut pas de révolution, mais une évolution radicale : la remise en cause d’une planète château fort. Le musicien Manu Chao, à « Libération », le 12 mai 2001.économie ? Dans le vide. Le niveau de vie a fondu. Le système vacille, le krach financier menace. Même ceux qui dirigent le monde n’y croient plus, ils ne contrôlent plus la machine, le train fou. Il y a dans le système actuel une culture de la prédation, une vision rapacière des choses : mangez l’autre ! Regardez les profits record des multinationales, plus importantes que les Etats. Le monde ressemble à une foire du mensonge, à laquelle même les plus libéraux ne croient plus. C’est une course entre deux voitures de cylindrées différentes. D’un côté, le délire économique, la folie agroalimentaire, l’emballement génétique. De l’autre, l’instinct de conservation, purement animal, qui pousse des gens à s’élever contre la dilapidation du futur, à vouloir autre chose pour leurs enfants. La nouveauté est là ; ce ne sont plus seulement les intellos qui demandent des comptes. C’est le peuple : le marin-pêcheur de Galice, le paysan indien, le syndicaliste sud-américain. La contestation de la mondialisation se fait par en bas. Le « non » gagne du terrain. Les peuples se réveillent, entrevoient une lueur d’espoir. Ça a commencé avec Marcos, au Chiapas. C’est lui, visionnaire, qui a préfiguré Seattle. Qu’ont fait les zapatistes ? Ce qu’on peut faire, tous. Se bouger, à l’échelle d’une famille, du quartier, ou d’une association. Agir localement et penser globalement. Bien sûr, on fait tous partie du Poulpe. Vous. Ou moi, musicien produit par Virgin. Mais on a un devoir de révolte contre la logique du nihilisme. Un mouvement planétaire est en marche. A Seattle, Porto Alegre, ces brèches, ces poches d’espoirs, c’est énorme. J’essaye de faire bouger ça. Je suis membre d’Attac. Je suis très proche de Ya Basta. J’ai reversé des royalties pour les zapatistes. Je serai à Gênes, pour le sommet du G7, en juillet. Ils sont fous d’avoir fait ça là-bas. La contestation va atteindre des sommets. On nous dit : quelle
légitimité vous avez ? Celle du nombre, du droit de refuser, de la désobéissance civile. On tente aussi de nous discréditer, en provoquant des violences. On veut, comme le FMI ou la Banque mondiale, récupérer les plus modérés. Mais cette contestation est un tout : radicaux, réformistes, souverainistes, internationalistes. On ne veut pas de révolution, mais une évolution radicale : la remise en cause d’une planète château fort.

Le musicien Manu Chao, à « Libération », le 12 mai 2001.