Comment dit-on partenaire en langue locale ?, par Antonio de la Fuente
Trois sont les degrés au baromètre du partenariat entre ONG belges et partenaires locaux, d’après une évaluation commandée par l’ex AGCD : collaboration, coopération et appui.
Au premier degré, la collaboration, le partenaire local est associé à la gestion du projet mais c’est l’ONG belge qui gère le budget. Au deuxième, la coopération, le partenaire local reçoit les fonds et gère le budget tandis que l’ONG belge participe au projet par des modalités diverses, telles l’envoi d’un coopérant, l’appui de terrain, la participation au suivi-évaluation. Au troisième, le partenaire local mène l’intervention dans sa totalité, de la conception à la mise en œuvre, et l’ONG belge sert d’interface avec le bailleur de fonds.
Le premier degré, qu’il faut bien appeler le degré zéro du partenariat, a cours principalement en Afrique et en Asie et plus rarement en Amérique latine. L’appui, qui demande la présence de partenaires locaux biens structurés, est, au contraire, fréquent en Amérique latine et aux Philippines, mais encore rare en Afrique.
L’étude, qui porte sur quatre-vingt cinq expériences de partenariat entre ONG belges et partenaires locaux dans vingt-six pays différents, conclut en affirmant que la participation des partenaires locaux aux décisions stratégiques, comme le budget, l’envoi et la sélection d’un coopérant, l’établissement de nouveaux partenariats dans le même pays, est rare et peu formalisée, si bien qu’au bilan, on remarque souvent une dépendance excessive du partenaire local par rapport à l’ONG belge.
C’est sur cette étude que s’appuie, entre autres, Jean Michel Swalens pour brosser un panorama sur le partenariat qui ouvre ce numéro, et c’est à cette étude que répondent ensuite deux voix du Sud. En prolongement, Antipodes a voulu interroger des expériences à la fois proches et différentes de celles décrites par l’étude citée. Des échanges entre associations sans financement à la clé (ou presque), le partenariat à la mode des entreprises pétrolières, l’idéologie en la matière de l’ONG qui s’appèle justement Partenaire, la tournée européenne d’une troupe de théâtre africain, les jumelages établis par notre bonne et vieille commune de Schaerbeek…
Et si on finançait directement des ONG du Sud, s’interroge le Secrétaire d’Etat à la coopération au développement ?