La Commission européenne et le partenariat Nord-Sud en éducation au développement

Mise en ligne: 21 septembre 2015

La participation active des partenaires des pays en développement est une priorité

Propos recueillis à partir d’une intervention de Karen Birchall, coordinatrice de la section Sensibilisation de l’opinion publique aux questions Nord-Sud entreprises par des ONG européennes, ligne B7-6000, à la Commission européenne.

Pour la Commission européenne, “ l’objectif principal de cet élément (l’éducation au développement) de la politique de cofinancement avec les ONG consiste à sensibiliser l’opinion publique aux questions de développement et aux relations Nord- Sud afin de la mobiliser, en Europe, en faveur du développement et de stratégies d’actions qui ont un impact positif sur les populations des pays en développement ” (extrait des Conditions générales pour le cofinancement).

En l’an 2000, la Commission européenne a modifié ses règles de cofinancement envers les ONG. Ce changement de règles a permis à la Commission d’ouvrir des possibilités pour appuyer davantage l’implication des partenaires du Sud dans l’éducation au développement. La participation active des partenaires des pays en développement est même citée comme une des priorités. Les partenaires du Sud et leurs actions sont donc incorporables au cofinancement, l’action du partenaire est cofinancée si et seulement si elle renforce l’action d’éducation au développement. Comme mentionné dans les conditions générales “ les activités éligibles peuvent être réalisées dans l’Union européenne et dans les pays en développement concernés par les questions, à condition que les activités réalisées dans les pays en développement contribuent directement à une sensibilisation dans l’Union européenne aux questions traitées, ainsi, que le cas échéant, dans les pays concernés. En tout état de cause, les principales activités doivent avoir lieu dans l’Union européenne ”. La Commission insiste aussi pour que le partenaire soit impliqué dès la conception de l’action. Ce ne sont donc pas des partenariats Nord-Sud juste pour faire des partenariats ou des actions d’appui à des projets dans le Sud. La ligne budgétaire B7-6000 consacre en effet 90 % du budget à ces actions de terrain.

La limite semble parfois difficile à discerner, mais le texte montre bien qu’il faut un lien direct entre les deux actions Nord et Sud. Ainsi, par exemple, on peut considérer comme appui à l’éducation au développement au Nord la prise de positions politiques par des mouvements paysans ou syndicaux, la réalisation de matériaux pédagogiques, des reportages, la réalisation de campagnes communes, des animations, les échanges dans le cadre de rencontres entre des acteurs du Nord et du Sud…

La Commission a souhaité ce changement parce que d’une part, elle constatait que relativement peu d’ONG établissaient un réel travail commun avec des organisations du Sud et qu’elle voulait l’encourager. Et, d’autre part, parce que certaines ONG se plaignaient du manque de moyens pour réaliser un travail de proximité du fait qu’elles réalisaient des projets qui intégraient cette dimension mais le cadre de financement ne permettait pas suffisamment de souplesse.

Il existe différents types de partenariats et d’acteurs Nord- Sud :

  • Partenariat entre des ONG de développement ; ce sont souvent des partenariats de long terme.
  • Partenariat entre les ONG et les mouvements sociaux (syndicats, par exemple).
  • Jumelages : principalement les villes, les écoles.
  • Des ONG du Nord qui recherchent des ONG du Sud pour appuyer leurs projets (partenariat le plus courant).

Les partenaires locaux peuvent être très diversifiés : ONG, associations, écoles, coopératives, collectivités locales… Il arrive que les actions soient initiées par des organisations du Sud.

Malgré l’incitation à intensifier le partenariat, on constate une faible progression : souvent, le partenaire du Sud est considéré comme une “ ressource ” plutôt que comme un véritable partenaire. Si on prend le budget comme filtre d’analyse, on constate qu’il est très révélateur d’un nonéquilibre : les salaires et les frais de communication se trouvent au Nord, le volontariat est assuré au Sud.

On constate aussi que l’impact des partenariats Nord- Sud a lieu presque exclusivement au Nord et on peut regretter que les ONG n’utilisent pas suffisamment cette opportunité pour des retombées dans le Sud.