L’impact du partenariat entre Solidarité socialiste et l’association sénégalaise Djokoo, dans le cadre du projet « L’eau, un pont entre le Nord et le Sud », par Abdoulaye Faye
Djokoo-AJC3 est une association de développement de quartier créée en 1988 par des jeunes du quartier Cité Icotaf 3 de Pikine, dans la banlieue de Dakar, au Sénégal, en vue de se retrouver et de mener des actions de solidarité et d’entraide entre eux. A cet effet, l’intervention proposée tournait autour du renforcement scolaire des jeunes du quartier par des cours de suivi organisés dans une villa prise en location. C’est dans ce contexte qu’est née l’idée de créer une école de devoirs où les activités de suivi scolaire sont accompagnées par des ateliers d’animations dans le domaine de l’expression artistique et du théâtre. Cette école accueille des enfants de trois à treize ans fréquentant les écoles publiques et ceux n’ayant pas eu la chance d’y être inscrits. Le système de suivi instauré favorise une aide aux devoirs pour ceux qui fréquentent les structures publiques et un accompagnement pour ceux qui n’ont pas bénéficié d’une inscription dans les écoles formelles. Son approche est basée sur le développement d’activités d’animations autour de thématiques traitant de l’inter culturalité. Dans ce cadre Djokoo a développé avec ses partenaires des programmes d’échanges thématiques impliquant les enfants de dix à treize ans.
Des échanges scolaires sont développées avec une école multiculturelle à Bruxelles (école Sint Joris) portant sur la diversité culturelle et, dans un cadre plus formalisé, avec la campagne éducative L’eau, un pont entre le Nord et le Sud.
Le partenariat entre Solidarité socialiste et Djokoo s’est construit dans un cadre général d’appui à une initiative à la base, l’implantation de l’école de devoirs. Cette intervention ponctuelle était beaucoup plus inscrite dans une perspective de développer un partenariat dans le cadre d’un projet à caractère social à court terme. Il n’existait pas à proprement parler de cadre d’échanges et de partenariat entre Djokoo et son partenaire Solidarité socialiste basé sur des thématiques développées à partir d’un partage de vision.
Dans cette optique, l’action « L’eau, un pont entre le Nord et le Sud » peut être considérée comme une expérience nouvelle pour notre organisation par rapport à d’autres actions régulièrement développées par notre partenaire Solidarité socialiste, parmi lesquelles on peut citer l’éducation au développement. Cette action nous a permis de capitaliser une autre expérience en matière d’échanges thématiques impliquant un public cible plus large, ce public n’étant pas à priori inscrit dans notre champ d’intervention qui est restreint à l’éducation non-formelle.
Le cadre de partenariat ainsi établi induit un changement dans nos méthodologies d’approche et dans nos démarches. Ce partenariat influence de manière notoire le type de rapports qui existe entre les structures éducatives formelles —les écoles publiques— et celles non formelles —les écoles communautaires de base comme la nôtre.
D’une manière déterminante, les rapports entre notre structure et Solidarité socialiste ont évolué dans le sens d’un partenariat stratégique. Cette situation a un impact réel sur l’évolution de notre organisation au plan institutionnel et sur le développement de notre partenariat avec les structures éducatives publiques. Le partenariat avec Solidarité socialiste, dans le cadre de cette campagne, a facilité notre contact avec les structures formelles dans la mesure où il a renforcé notre crédibilité et notre ancrage dans notre zone d’intervention.
L’impact de l’action sur Djokoo : Dans le cadre de cette action Djokoo s’est impliqué comme facilitateur dans la coordination de l’action à Pikine, en zone périurbaine, et comme acteur avec la participation de deux classes.
L’impact de l’action pourrait se mesurer à plusieurs égards :
D’une part, avec Asmade, nous avons des points de vue convergents sur des projets d’échanges entre écoles du Burkina et du Sénégal que nous devrons identifier et mettre en place. D’autre part nos deux structures ont initié chacune en ce qui la concerne, un programme basé sur l’utilisation des nouvelles technologies comme support de communication approprié et accessible pour faciliter les échanges. Des deux côtés, nous avons inscrit ce programme dans nos plans d’action quinquennaux. Des discussions sont en cours pour formaliser ce cadre de partenariat.
Du point de vue institutionnel, l’action « L’eau, un pont entre le Nord et le Sud » a eu un impact positif sur le développement et l’ancrage de l’association dans sa zone d’intervention. Dans ce cadre, des actions d’éducation au développement sont inscrites en perspective dans le moyen terme.
Diverses appréciations peuvent être portées quant à l’impact de l’action dans les écoles. La problématique abordée dans le cadre de cette action traduit quatre niveaux d’implication perceptibles dans les écoles :
L’impact de l’action « L’eau, un pont entre le Nord et le Sud » dans les écoles de Pikine pourrait se mesurer par rapport à ces quatre niveaux d’implication.
A Pikine, les animations en classe ont été accompagnées de visites en rapport avec le questionnement sur différents aspects traités lors des échanges. On peut noter que ces visites-découvertes au-delà de l’aspect excursion ont eu un impact réel sur le plan pédagogique. On pourrait citer les différents aspects abordés :
Malgré la surcharge de travail des enseignants, les questions abordées ont constitué un apport pédagogique appréciable. Cela peut se mesurer par les résultats scolaires satisfaisants observés dans les classes impliquées dans l’action en ce qui concerne surtout les élèves plus en vue dans les activités.
Selon que l’on se situe dans une classe ou une autre, la problématique n’est pas abordée de la même manière. Autant dans une classe on s’est appesanti sur les aspects accès et gestion de l’eau, autant dans l’autre on a insisté sur les liens entre l’eau et l’environnement et entre l’eau, l’environnement et la santé. Les activités ont tourné autour de la sensibilisation des élèves de l’école et des parents. A l’école 8 A de Pikine , l’analyse s’est orientée vers l’identification et la planification des actions visant la résolution des problèmes d’accès à l’eau potable et dans l’amélioration de l’environnement à l’école. A l’école 3 A de Pikine, l’analyse a porté sur l’impact de l’environnement sur l’eau et les conséquences de la gestion de la ressource eau. Dans les classes de Djokoo, l’analyse s’est focalisée sur la prise de conscience par rapport à la problématique de l’eau vécue diversement dans le monde.
A travers les correspondances, une connaissance mutuelle s’est installée entre des enfants de Belgique et ceux du Sénégal. Par le biais des courriers collectifs et individuels les enfants ont pu échanger sur leur culture, leur pays , leurs connaissances sur le monde. Pour les enfants de Pikine, les échanges de courrier ont été une occasion unique de pouvoir communiquer avec d’autres enfants et d’échanger sur la culture et le mode de vie. Ces échanges ont eu une influence réelle sur le déroulement de la campagne par le fait que les enfants se sont sentis relayés dans leur action de sensibilisation de l’opinion publique sur les problèmes de l’école. L’impact de l’action peut se mesurer par la quantité de courriers échangés dans les deux sens et la poursuite des correspondances malgré la fin de la campagne. A travers les liens qui se sont créés entre eux, les enfants se sont sentis valorisés et plus responsabilisés par rapport à la marche de leur école. On note en outre que les élèves qui ont changé d’école continuent de suivre les activités de l’école en s’impliquant dans l’association des anciens élève. A travers cette association ils apportent leur appui aux plus jeunes et aident les enseignants dans les projets de l’école.
L’objectif visé à travers cette campagne était de sensibiliser un large public, par le biais de l’école, sur les enjeux de la problématique de l’eau dans le monde. Les actions de sensibilisation menées avaient pour but d’œuvrer pour un changement de comportements dans la gestion de la ressource eau. L’école est utilisée comme porte d’entrée pour permettre ce changement dans les ménages. Cette campagne a eu un impact positif sur les comportements des élèves dans la gestion de leur environnement. En effet, on a constaté une implication plus marquée des élèves dans la résolution des problèmes qui se posent à l’école. Ce changement est plus remarqué dans les écoles publiques où l’on a constaté que :