Un inventaire des pratiques, une typologie des actions et des recommandations pour le Sud et le Nord, par Adélie Miguel Sierra
Comment valoriser la participation des organisations du Sud dans la pratique d’éducation au développement en Europe par leur implication à différentes étapes des processus et par leur regard critique sur les contenus et les pratiques ? Comment encourager une pratique de l’évaluation de l’impact des actions d’éducation au développement menées en partenariat Sud- Nord ? Deux questions qui apparaissent de façon récurrente auprès des organisations qui développent des activités d’éducation à la solidarité internationale.
ITECO a voulu contribuer à cette réflexion par une recherche- action qui s’est donnée pour missions :
Traditionnellement, la notion de partenariat recouvre, dans le monde de la coopération au développement, la construction de relations Nord-Sud autour de projets de développement. Ces dernières années, sous l’impulsion de l’évolution du contexte international, des relations de partenariat ont émergé autour de projets d’éducation au développement.
Il existe peu de recherches sur ces nouvelles formes de coopération, qui sont notamment impulsées par la Commission européenne. C’est pourquoi, nous avons souhaité entamer ce processus d’analyse et d’évaluation par un diagnostic des pratiques actuelles en contactant les ONG européennes afin qu’elles socialisent la description et l’évaluation de leurs actions en éducation au développement au sein desquelles intervenait une quelconque forme de partenariat Sud-Nord.
Au terme de cette stratégie de communication, nous avons pu constater que les ONG, malgré leur volonté de progresser sur la dimension de l’évaluation, éprouvent des réticences à envoyer leurs projets et à socialiser leur évaluation.
Nous avons cependant avancé dans cette recherche-action à partir des matériaux en notre possession, de la mobilisation active d’une quinzaine d’ONG européennes et des plates-formes nationales, qui ont accepté d’être un lieu de relais auprès de ses membres.
Cette étape du projet a eu pour but de dégager les différentes logiques de partenariat sous-jacentes aux actions inventoriées. Nous avons analysé les projets des ONG et élaboré une typologie des actions en partenariat.
Celle-ci a été amendée et enrichie par les participants du séminaire de systématisation des acquis du processus de ce projet.
Malgré toutes les limites de ce type de photo —d’autres organisations auraient pris un autre angle de vue—, la typologie est un outil précieux afin de :
Nous avons identifié six grands types d’actions d’éducation au développement menés en partenariat Nord-Sud :
Cette typologie a été soumise à débat dans différents lieux où nous avons présenté les objectifs de projet, comme un séminaire sur le développement durable à Rennes et une rencontre avec un réseau d’ONG espagnoles. Elle soulève quantité de débats et nous questionne sur la pertinence et l’impact de tel ou tel type d’action en éducation au développement, et en quoi le partenariat Nord-Sud est conçu réellement comme une relation égalitaire.
En décembre 2002, ITECO a invité différentes organisations du Sud et du Nord à une rencontre de travail à Bruxelles afin d’approfondir l’étude de l’impact des partenariats, ses facteurs limitants et adjuvants, pour aboutir à une redéfinition accompagnée de recommandations concrètes.
Les résultats de ce séminaire ont été très riches tant sur le plan de la réflexion que de la production pédagogique. Voici les différents objectifs que nous avons atteints : -*Amélioration et validation de la typologie
A moyen terme, des efforts doivent encore être fournis concernant l’identification et l’élaboration de méthodes d’évaluation pertinentes pour chaque type d’actions en partenariat.
L’ensemble des contributions des organisations impliquées dans ce projet ainsi que le résultat des travaux seront socialisés à travers la diffusion d’une publication traduite en trois langues —français, anglais et espagnol— dans le second semestre 2003 : -*caractérisant les partenariats
Nous pouvons dégager certains acquis de cette recherche- action qui ont été pointés soit par des organisations du Sud soit par des organisations européennes.
L’impact direct sur les organisations du Sud est limité aux partenaires identifiés au travers des ONG du Nord. Notre démarche visait les ONG du Nord qui avaient établis des collaborations avec des organisations du Sud et pas l’inverse.
Malgré cette limite, les évaluations des relations de partenariat entre binômes Nord- Sud, les contributions des participants Sud au séminaire de décembre 2002, les contacts directs avec des organisations du Sud, notamment à travers le Réseau international d’éducation au développement et d’éducation populaire Polygone, nous permettent de synthétiser certains axes d’apprentissages et des recommandations amenés par les organisations du Sud :
Des réseaux d’organisation du Sud se mettent en place afin de mieux s’outiller pour répondre aux défis et enjeux de l’éducation tant au Sud qu’au Nord. Des rencontres telles que celle de décembre 2002 permettent, selon eux, de faciliter les débats entre les différents acteurs impliqués, d’accéder à des nouvelles sources d’informations et de participer à la construction de méthodes de travail pertinentes pour les pratiques du Nord et du Sud.
Cette action contribue à initier ou à renforcer, selon les contextes nationaux, la réflexion et l’amélioration des pratiques sur :
Cette culture de l’évaluation, notamment dans le cadre d’actions menées en partenariat, exige une volonté institutionnelle, des moyens humains et financiers mais aussi la production de méthodes en adéquation avec les spécificités du secteur de l’éducation au développement.
Il est évident qu’il reste encore beaucoup d’efforts à fournir pour mobiliser l’ensemble des ONG européennes sur les questions d’évaluation d’une part, et sur la dimension Sud de l’éducation au développement d’autre part. Les bailleurs de fonds, les institutions publiques, les ONG de développement doivent poursuivre cette réflexion à travers des lieux de concertation, des impulsions positives et la mise à disposition de moyens adéquats.
Il s’agit enfin de s’inscrire dans une démarche plus large de travail sur les enjeux et les stratégies éducatives visant la construction d’un modèle sociétal alternatif au modèle dominant et d’établir d’autres termes d’échanges dans les relations Nord-Sud.