Des échanges par le websur le développement durable, par Gerard Lommerse
« …Je crois que cela suffit pour mon explication parce que nous devons étudier, maintenant. J’espère que tu comprends ma réponse et que nous pourrons communiquer à n’importe quel moment et être amis. A bientôt. Lanny ».
Lanny, de Surabaya, en Indonésie, vient juste de répondre à une question de Cornelie, de Groningen aux Pays-Bas, sur la différence entre un village et une ville en Indonésie. La réponse de Lanny était très élaborée et très informative. Ceci est au centre de This is a Journey (Ceci est un voyage) : une communication expressive entre jeunes gens.
En 2000, la conférence internationale sur les échanges scolaires Nord-Sud s’est tenue à Soesterberg. Durant cette This is a Journey ( Ceci est un voyage ) Des échanges par le web sur le développement durable par Gerard Lommerse conférence, il est apparu que la mise sur pied d’échanges scolaires demande beaucoup d’efforts. Cependant, parallèlement, les échanges scolaires ajoutent énormément de valeur à la pratique quotidienne d’enseignement. C’est un enrichissement du curriculum existant et une incitation pour les étudiants à élargir leurs horizons. Les participants du Sud à la conférence ont exprimé le désir de développer, ensemble, un projet éducatif où les étudiants peuvent participer de manière égale. Le résultat est le projet éducatif This is a journey, un projet d’échange par le web sur le développement durable, développé par Alice O en étroite collaboration avec des écoles et des organisations du Zimbabwe, d’Indonésie et des Pays-Bas.
Le projet vise à connecter des étudiants de 13 à 16 ans à travers le monde entier, par internet, pour discuter du futur de la terre et de ses habitants. This is a journey traite le développement durable à partir de différentes perspectives : économiques, sociales, écologiques. Le principe de base est l’étude d’un sujet dans le pays d’origine et dans un autre pays. Six thèmes ont été présentés sur le web : eau, alimentation, activités quotidiennes, rural-urbain, transport et infrastructures, santé.
Chaque sujet est décrit pour tous les pays suivant les mêmes lignes. Dès lors, il est possible de comparer la situation dans un pays avec celle d’un autre. Le point de départ de la communication entre étudiants de différents pays est l’échange d’expériences quotidiennes. Pendant le projet, les étudiants peuvent publier de courtes histoires et poser des questions à leurs homologues des autres pays. A la fin, les étudiants doivent écrire un plan d’action basé sur la connaissance et les acquis personnels pendant le projet. Dans ce plan d’action, les étudiants doivent indiquer de quelle manière ils aimeraient changer l’actuelle situation des gens et de l’environnement dans le monde : un changement pour un futur soutenable. Tous les plans d’action sont publiés sur le site.
Question des étudiants à Surabaya, Indonésie, pour les étudiants des Pays-Bas et du Zimbabwe :
« Avez-vous beaucoup de forêts dans votre pays ? Est-ce que votre pays produit du bois ? Est-ce que votre peuple prend soin de vos forêts ? Votre gouvernement protège-t-il les forêts ? Utilisez-vous des meubles en bois dans vos maisons ? Quels types de meubles en bois avez-vous ? Merci pour vos réponses ».
Réponse de Jessica, des Pays- Bas :
« Salut là-bas ! Ici aux Pays-Bas, on a quelques forêts, mais pas beaucoup… Tout le monde dit qu’il prend soin des forêts qu’il y a encore ici mais, en réalité, personne ne fait rien pour stopper la coupe sauvage. Aux Pays- Bas, nous avons quelques meubles qui sont faits en bois, comme des tables, des chaises, des armoires… Et maintenant, comment c’est en Indonésie ? Amitiés, Jessica ».
Les avantages de ce projet par rapport à un livre de texte classique sont énormes. Premièrement, le contenu spécifique d’un pays sur le web est développé en étroite collaboration avec les gens des pays en question : ONG locales et enseignants. Ils prennent la responsabilité du fait que le contenu soit basé sur la réalité de leur vie et de leur pays. Deuxièmement, le contenu internet est facile à adapter pour de nouvelles idées et nouvelles actualités. Par exemple, au moment où la situation au Zimbabwe concernant la répartition des terres a changé, cette nouvelle réalité a été présentée dans This is a journey. Autre exemple : les élections aux Pays- Bas en mars 2003. Les résultats des élections et le nouveau gouvernement sont mentionnés dans le guide du pays.
This is a journey porte aussi beaucoup d’attention aux conférences internationales telles que le sommet mondial sur le développement durable qui a eu lieu à Johannesburg en 2002. Durant ce sommet, quelques jeunes délégués présents à Johannesburg ont répondu à des questions posées par des jeunes qui ont participé au projet.
Dernier point, mais pas le moins intéressant, la valeur de la communication entre les étudiants doit être mentionnée. Dans This is a journey, les étudiants n’apprennent pas seulement « à propos » de la situation dans d’autres pays, mais ils apprennent aussi « de » et « avec » des étudiants d’autres pays. « Bonjour, mon nom est Herman, des Pays-Bas et j’aimerais savoir quels fruits sont disponibles dans votre pays ? ». Un étudiant de Stanislaus, Surabaya, Indonésie :
« Bonjour Herman. Mon pays est très grand, chaque région a ses propres fruits caractéristiques. Tu peux trouver des mangues, des rambutans, des pommes, des bananes, des oranges, des pastèques, des durians et des jambus à Java. Nous avons beaucoup, de fruits. Mais mon pays importe également des fruits parce que notre peuple est curieux des fruits qui viennent de l’étranger. Les fruits importés sont chers, mais les fruits locaux pas. A bientôt. ».
Ce projet est basé sur les curriculum et les syllabus des trois pays. Les textes et les tâches sur les sujets sont étroitement liés aux sujets suivants : géographie, histoire, économie, biologie, chimie, physique, instruction civique et anglais. Comme plus de sujets sont impliqués, le projet est hautement adéquat pour une approche thématique. En outre, le projet peut être utilisé pour stimuler l’éducation au développement durable en général. Lier le projet au curriculum n’est pas seulement une condition requise pour les enseignants aux Pays-Bas, mais c’est aussi important pour les enseignants des autres pays. Le projet devrait être introduit le moins possible comme une tâche extra. Le processus éducatif du projet consiste en six étapes. Chaque étape est guidée avec des feuilles présentant des tâches et des formes qui doivent être remplies par les étudiants. La langue utilisée est l’anglais. Pour dépasser les problèmes de langage, un dictionnaire, de l’anglais vers les différentes langues natives, a été installé sur le site.
Le site www.thisisajourney.net paraît relativement simple. Pour des jeunes gens habitués à des sites internet « flashy » il peut peut-être sembler un peu ennuyeux. Il a été réalisé en supposant que tous les pays impliqués n’ont pas accès à une connexion rapide à internet, mais ont besoin de se connecter par une ligne de téléphone. Pour cette raison, il y a une possibilité de transférer le site sur l’ordinateur comme une application en extra. Cette version statique, qui peut être actualisée deux fois par an, est aussi accessible sur cédérom.
De cette manière, les étudiants peuvent lire le contenu et participer au projet sans avoir besoin d’être en ligne. Dans beaucoup de cas, un ordinateur sur 10 dans la classe est connecté à internet. D’ailleurs, publier des histoires, demander et répondre à des questions sur le site peut être fait de n’importe quel lieu dans le monde, tel que les cybercafés. Les enseignants qui préfèrent travailler sur papier plutôt qu’avec un écran sont aussi servis. Tous les textes peuvent être facilement imprimés. Au début, les écoles en Indonésie ont travaillé avec du matériel imprimé. Pour aller sur le site et publier des histoires et des questions, un groupe d’étudiants allait chez des enseignants ou aux cybercafés chaque semaine.
Iona, d’Indonésie :
« Connais-tu le becak ? Le becak est une forme de transport utilisé en Indonésie, spécialement à Java. C’est un très bon moyen de transport et j’aime rouler en becak. Cependant, lebecak est en train d’être remplacé par kancil. Lekancil c’est comme un bajaj mais il a quatre roues. Kancil est un mini-car. En fait, je préfèrele becak au kancil parce que le becak ne cause pas de pollution de l’air. Si tu viens en Indonésie, n’oublie pas d’essayer le becak, essaye si tu oses ! ».
Aller vers le global, la mondialisation, l’internationalisation. Ces mots surgissent partout dans le monde et sont introduits dans le champ de l’éducation. Personne ne doute de l’importance et de la valeur du regard au-delà des frontières et de l’apprentissage d’autres cultures. Partout dans le monde, on peut trouver de nombreux projets mettant l’accent sur l’internationalisation, et beaucoup d’entre eux utilisent les nouvelles technologies de l’information comme un moyen.
L’introduction du concept d’internationalisation va de pair avec le développement de nouvelles formes d’apprentissage. Dans This is a journey, les lignes de forces sont dans ces formes d’apprentissage :
Le noyau de This is a journey est formé par la comparaison entre les environnements locaux et la situation dans d’autres pays. Un autre aspect crucial de This is a journey est la communication entre étudiants. Avec cette approche, les jeunes gens peuvent développer la compréhension, le respect d’autres valeurs et perspectives. En même temps, la compréhension et le respect des autres contribuent à un renforcement de leur propre identité.
Les étudiants trouvent cela très intéressant quand il apparaît que des jeunes du Zimbabwe ont aussi un lecteur de CD à la maison, des ordinateurs dans la classe et qu’ils sont conduits à l’école en voiture. Pour être honnête, l’éducation dans le Nord sur les pays du Sud traite souvent des autres et d’un retard dans le développement. En rencontrant des jeunes de pays du Sud, les gens du Nord obtiennent un image plus positive d’eux et apprennent qu’il y a des similarités et des différences entre les gens partout dans le monde. Bien sûr, la même chose se produit à propos des images que les jeunes du Sud ont du Nord. Les étudiants d’Indonésie et du Zimbabwe ont appris que très peu de gens aux Pays-Bas ont une maison avec une piscine et trois voitures devant la maison.
Deux principes importants pour commencer un projet d’échange sont l’égalité et l’ancrage local. Le contenu du projet doit être développé en étroite collaboration entre tous les partenaires impliqués. Spécialement quand le projet à affaire à des informations spécifiques des pays, c’est important que les textes soient écrits par des experts et approuvés par les enseignants impliqués. Et chaque pays doit être présenté de la même manière. Pour la durabilité du projet, dans chaque pays un partenariat doit être établi avec une organisation locale. Cette organisation est responsable pour la coordination du projet dans son pays ou sa région et pour la mise en œuvre du projet dans les écoles.
En matière d’impact, en participant au projet les enseignants et les écoles renforcent leur connaissance et leur capacité dans le domaine des nouvelles technologies de l’information et de l’éducation globale. This is a journey fournit aux enseignants des outils et des compétences pour intégrer l’internationalisation et les nouvelles technologies dans le curriculum scolaire. En même temps, les enseignants peuvent apprendre de nouvelles manières d’enseigner et développer des compétences dans l’enseignement interdisciplinaire et l’intégration d’enjeux globaux et environnementaux dans l’éducation formelle.
Dans This is a journey, les étudiants apprennent à lier les enjeux locaux à une perspective globale et orientée vers le futur. Et en communiquant avec des jeunes gens dans le monde, ils peuvent apprendre sur les différences et les similarités entre l’environnement et les gens dans le monde. De cette manière, This is a journey renforce la sensibilisation des étudiants et la compréhension de l’environnement local et de l’identité locale.
Et enfin, les résultats de This is a journey n’ont pas besoin d’être seulement des mots. En orientant les plans d’action vers l’action concrète, les étudiants peuvent joindre l’action à la parole. Par exemple :
Tessa, des Pays-Bas, au sujet de l’alimentation :
« Les gens devraient avoir plus d’information sur une bonne et saine alimentation. C’est un fait que presque la moitié des Néerlandais sont trop gros, un problème qui est en fait posé parce que nous avons trop de luxe. Les gens mangent souvent dehors, vont au Mc Donald et autres, et deviennent trop lourds. Il arrive aussi que beaucoup de gens mangent devant la télé, mangent des plats réchauffés au micro-ondes ou des pizza, juste parce que c’est plus facile à faire. La vieille mode du « stamppot » est en train de disparaître. Les gens aux Pays-Bas sont toujours occupés, toujours en train de courir pour être à temps. C’est pourquoi beaucoup de gens ne mangent pas de bons petits déjeuners, ce qui est vraiment le départ, parce que, quand tu ne manges pas de petit déjeuner, ton corps va prendre beaucoup plus de temps pour démarrer et il se sent comme s’il n’était pas encore réveillé.
En conclusion,
les Néerlandais mangent trop vite et font trop peu d’exercice. On devrait avoir plus d’information sur la meilleure manière de vivre, comment vivre sainement et ainsi de suite. On devrait arriver à des programmes d’exercices dans les écoles et on devrait retourner à l’âge des vieux stamppot. Donnez-nous plus d’information sur la vie saine. Les gens vont manger mieux, sur une base régulière. Et, espérons- le, prendront du temps pour cela, à la place des repas au micro-onde ».
En Indonésie :
« Les Indonésiens devraient avoir plus d’informations sur la manière de faire pousser le meilleur riz ou des produits d’autres pays et de la nourriture de base. De cette manière, ils pourraient avoir plus d’argent et être en meilleure santé. Ainsi, cela les aiderait de toute façon. Les Indonésiens devraient recevoir une meilleure éducation et recevoir plus d’informations sur la manière dont ils peuvent avoir une meilleure production. Cela aiderait à en finir avec la faim en Indonésie. Enfin, j’espère ».
Durant cette année pilote This is a journey a été testé et amélioré. A partir des réactions des jeunes et des enseignants qui ont travaillé avec This is a journey, le projet est maintenant prêt à être visité par plus d’écoles et à être développé dans de nouveaux pays également. Le site www.thisisajourney.net est accessible librement sur internet. Les écoles intéressées à participer au projet peuvent remplir une demande sur le site ou contacter Alice O.