ITECO, l’Africain ?

Mise en ligne: 12 avril 2013

L’Afrique a été déterminante dans la naissance d’ITECO. Qu’en est-il aujourd’hui ?, par Graciose Nzitonda

ITECO fête ses quarante ans de vie. L’occasion est offerte aux lecteurs d’Antipodes de rappeler le cadre dans lequel a été créé cette ONG, de son évolution et pourquoi pas de la place de l’Afrique à ITECO, qui a été à la base de la création de l’ONG. Michel Elias a travaillé à ITECO pendant 25 ans et a été le secrétaire général pendant une décennie. Il est donc bien placé pour parler du cadre de création d’ITECO, de l’évolution et de la place de l’Afrique à ITECO.

Après les indépendances des pays africains, beaucoup de Belges expatriés, des collaborateurs laïcs des missions, se sont retrouvés dans les anciennes colonies sur une terre étrangère et sans statut. De plus, le Roi Baudouin, dans un discours lança un appel à la jeunesse pour s’engager en faveur du développement des pays du tiers monde. D’une part, suite à l’appel du Roi et du problème de statut du personnel expatrié d’autre part, est née l’idée de créer un statut légal des volontaires belges.

C’est ainsi que les premières associations de volontaires se créèrent dont la plupart étaient des associations catholiques. Ces dernières ont créé une fédération appelée ITECO. Le premier ITECO est né en 1964 comme organisation d’envoi des volontaires de la coopération. L’un des buts principaux assignés à l’ITECO est la formation du personnel avant le départ en Afrique et en Amérique Latine. Pour l’Afrique, il s’agit des pays comme le Congo, le Burundi et le Rwanda, et pour l’Amérique Latine, il s’agit du Brésil, la Bolivie, le Pérou… Dès lors, dit Michel Elias, ITECO a connu une grande évolution dans la mesure où il a cessé d’être une fédération d’envoi des volontaires. Mais il a quand même gardé le rôle de formation au développement au service des ONG. ITECO devient membre d’Acodev, qui regroupe toutes les familles politiques. Dans l’entre-temps, ITECO s’est aussi scindé en deux associations en 1975 : ITECO francophone et ITECO flamand. Signalons également qu’au début, ITECO faisait la formation des personnes qui partaient en Afrique et en Amérique Latine. Maintenant la formation est proposée à toute personne intéressée par le développement.

  • Qu’en est-il de la place de l’Afrique dans ITECO ?
  • Il est vrai qu’ITECO garde toujours des contacts avec l’Afrique [1] mais ce n’est pas comme avant, indique Michel Elias. D’une manière générale et depuis un certain temps, on remarque un désintérêt pour l’Afrique. Sans toutefois insister sur les raisons qui expliquent cet état des choses, Michel Elias souligne que l’Afrique a cessé d’être un enjeu géographique pour l’Europe. Par ailleurs, l’Eglise catholique a joué un rôle important dans les liens entre l’Afrique et la Belgique. Les missionnaires ont été un moteur pour l’intérêt de l’Afrique et de l’Amérique Latine en Belgique. Maintenant, il n’y a plus de missionnaires pour assurer le relais entre la Belgique et l’Afrique. Une autre raison qui peut expliquer ce désintérêt est l’affaiblissement du tiers-mondisme. Les années septante et quatre-vingt ont été des années où les gens s’intéressaient aux luttes de libération, de décolonisation, d’anti-impérialisme. Maintenant, ce n’est plus le cas ; il y a une vision beaucoup plus négative du tiers monde en général et de l’Afrique en particulier.
  • Que faire pour que l’Afrique regagne sa place ?
  • Ce sont les Africains qui vont le faire, pas d’espoir que la communauté internationale aille s’investir pour l’Afrique, conclut Michel Elias (G N).

Publié dans Antipodes n° 165, juin 2004.

[1Ces dernières années, dans le cadre de la mise sur pied d’ateliers de formation et de missions d’évaluation, ITECO s’est rendu en Angola, au Cap-Vert, au Sénégal et au Maroc, pays où une série d’ateliers, organisés par Solidarité socialiste et le Réseau des associations locales de Casablanca et facilités par ITECO, sont en cours. Des participants et des intervenants venus ou originaires de plusieurs pays africains prennent part à des formations et autres activités organisées ou co-organisées par ITECO. Des Africains ont travaillé et travaillent à ITECO, qui reçoit aussi chaque année des stagiaires venus d’Afrique. Plusieurs numéros d’Antipodes ont été consacrés à des thèmes spécifiquement liés à l’Afrique : « Une vie rwandaise », « Raconte-moi l’Afrique »… Mentionnons, enfin, des activités destinées à des migrants africains en Europe ; signalons, à ce propos, parmi les plus récentes, un atelier sur la coopération belgo-marocaine et l’Ecole des parents migrants.