S’éclater, c’est bien. Mais s’éclater systématiquement année après année et ne diriger sa curiosité que vers une forme d’expression, c’est faire preuve d’étroitesse de vue, affirme Jean-Pierre Jacquemin dans l’entretien qui ouvre ce dossier sur les littératures africaines et la littérature sur l’Afrique. Ceux qui s’intéressent aux Africains et à leur culture—et nous sommes nombreux d’après le succès des festivités associées au continent africain— trouvent dans la littérature une étendue d’expériences vaste et profonde.
La littérature couvre et creuse l’ensemble des expériences humaines, proches et lointaines, sublimes et abjectes. Elle les raconte plus qu’elle ne les explique, elle met en récit toute cette vie qui se tisse et s’effiloche perpétuellement.
Ce numéro s’ouvre sur le panorama que Jean-Pierre Jacquemin, bon connaisseur s’il y en a, brosse de la littérature africaine à présent. Il inclut deux créations littéraires sur ce qui fut peut-être le fait majeur de ce fin de siècle en Afrique, le génocide rwandais, écrits par un romancier sénégalais et un poète et professeur congolais, Bubacar Boris Diop et Ngo Semzara Kabuta. Il présente deux romans récents, de l’écrivain camerounais Gaston-Paul Effa et de son collègue ivoirien Ahmadou Kourouma, ainsi qu’un entretien avec le romancier mozambicain Mia Couto, pour proposer ensuite des regards sur les écrivains voyageurs européens de la fin du siècle passé et du début de ce XXe siècle au Congo et au Maroc et sur la tradition du récit oral et poétique.
Bonne lecture, c’est le cas de le dire.