Jeu de l’avion

Mise en ligne: 21 novembre 2008

Pour ne pas planer idiot...

Origine
ITECO, à partir d’un texte ayant circulé sur le web. Cette version a été adaptée par Adélie Miguel, Xavier Guigue et Antonio de la Fuente.

Objectif
Approfondir la perception des inégalités dans le monde, en prolongation du Jeu des chaises.

Durée
Une heure environ.

Déroulement
Distribuer le texte ci-dessous, le lire à haute voix. Diviser les participants en sous-groupes au sein desquels le texte sera discuté et commenté, tant sur le plan du ressenti et de l’information contenue, sur base des cinq questions qui se trouvent à la fin du texte. Ensuite les compte-rendus sont présentés et discutés en assemblée.

Le vol

C’est beau de voyager en avion. Beau et émouvant. On imagine les endroits et les personnes inconnues que l’on va rencontrer à son arrivée…

On peut aussi imaginer un vol un peu différent mais également émouvant. Nous nous trouvons dans un avion qui a une capacité de mille passagers et qui est sur le point de partir. Une hôtesse de l’air fait savoir par le haut-parleur que le vol va durer vingt-quatre heures (symbolisant une année). On regarde autour de soi. On n’est pas habitués à voir ce genre de personnes. On commence à parler, à faire des statistiques.

De ces mille passagers, regroupés par continents, 605 sont des Asiatiques, 140 sont des Africains, 113 sont des Européens, 86 sont des Sud-américains, 51 sont des Nord-américains et cinq vivent en Océanie.

Pour ce qui est de leur religion, 330 sont chrétiens, 202 sont musulmans, 119 disent ne pas avoir de religion, 133 sont hindouistes, 58 sont bouddhistes, 23 sont athées, trois sont de confession juive et 132 pratiquent d’autres religions.

Notre attention est attirée par l’âge de ces personnes : 372 ont moins de 20 ans et 103 ont plus de 60 ans. On demande aux personnes actives sur le marché de l’emploi quelle est leur profession : 184 travaillent dans l’agriculture, 162 dans les services et 92 dans l’industrie tandis que 30 cherchent du travail.

L’hôtesse distribue des journaux et demande dans quelle langue on les voudrait. Il y a 165 personnes qui parlent mandarin, 86 anglais, 83 hindi, 64 espagnol, 58 russe et 37 arabe. Les autres parlent, par ordre décroissant, bengali, portugais, indonésien, japonais, allemand, français et 200 autres langues. Cela va être dur de se comprendre. En plus, des 670 adultes, un quart demande à l’hôtesse de ne pas se donner la peine puisqu’ils ne savent pas lire ni écrire.

Nous voilà en plein vol. On est surpris de la manière dont on sert le petit déjeuner. Moins par le service que par la manière de le distribuer. Vingt-cinq passagers se trouvent devant trois plateaux chacun. Ils sont tous Européens ou Nord-américains. En revanche, 55 personnes n’ont qu’un demi café et un demi croissant. Et vingt n’ont que des miettes à se mettre sous la dent.

Une heure a passé. On est encore davantage surpris lorsqu’on découvre que des passagers que l’on croyait endormis se trouvent en fait…morts ! On entend pleurer plusieurs bébés qui viennent de naître.

Il est l’heure de manger. Etonnement, ceux qui mangent sont les mêmes que ceux qui ont déjà mangé lors du petit déjeuner. Ils reçoivent même de plus en plus !

Le vol approche de sa fin et on court demander à l’hôtesse ce qu’il est possible de faire car on ne voit pas ce que l’on pourrait faire par soi-même. Elle nous confirme que neuf passagers « endormis » sont effectivement morts, dont un bébé, mort lors de l’accouchement. Il y a eu aussi vingt autres accouchements.

On lui demande pourquoi elle ne donne pas à manger la même quantité à tout le monde. On lui propose de consacrer une partie du prix des billets à résoudre les problèmes qui se présentent. Elle nous répond que les quelques 20 mille euros encaissés sont déjà partis. Mille euros ont été utilisés dans l’enseignement pour les jeunes passagers, 800 dans des frais de santé, 1.500 en armement pour prévenir des bagarres dans l’avion.

On n’arrive pas à le croire. Nous fonçons vers la cabine du pilote. On l’assaillit de questions :

  • Comment est-on arrivé à cette situation ?
  • Qui est le responsable ?
  • Pourquoi autant de différences ?
  • Comment peut-on laisser mourir autant de gens ?
  • A-t-on dans l’avion suffisamment de ressources pour tous ceux qui s’y trouvent et pour ceux qui continueront à naître ?