« ( … ) On pillera leurs ressources : ce sera la reconstruction de l’Irak. On dilapidera leur pétrole dans nos maisons surchauffées, nos bouchons et nos usines ; au passage, on détruira peut-être le climat de la planète. On éliminera de leur personnel politique tous ceux qui risquent de défendre un tant soit peu la souveraineté du pays : ce sera la démocratisation de l’Irak. Beaucoup d’ONG et de défenseurs des droits de l’homme se réjouiront de la disparition d’un tyran, sans avoir le courage d’en remercier George Bush. De mauvais esprits se rappelleront que, s’il y a beaucoup de tyrans dans le monde, seul Sadam Hussein a osé dire, après le 11 septembre : Ceux qui pensent que la vie de leur peuple est précieuse doivent se rappeler que la vie des autres peuples du monde est précieuse aussi.
« ( … ) Pendant ce temps, les intellectuels pro-occidentaux travaillent. Ils remettent avec empressement leur copie sur le sujet du moment : la critique du fanatisme religieux et de l’intolérance. On réédite Voltaire. On met en garde contre l’anti-américanisme, cette maladie qui est censés affliger tout particulièrement le pays d’Europe où les manifestations contre la guerre sont les plus faibles, à savoir la France. Rares sont ceux qui se demandent si le véritable fanatisme n’est pas cette soif infinie de puissance et de profit qui domine l’Occident, ni si la colère que tant d’injustice et de cynisme provoque dans le monde arabe et musulman n’est pas légitime. A moins qu’un vaste mouvement international ne renverse le cours des choses, on s’apercevra peut-être un jour que le 11 septembre n’était qu’un début ».
Le professeur Jean Bricmont, dans une Carte blanche au journal « Le Soir » du 15 novembre 2002.