Présentation

Mise en ligne: 12 juillet 2012

La géographie sert d’abord à faire la guerre

Presque neuf jeunes nord-américaines sur dix ne savent pas où se trouve l’Afghanistan, d’après une étude de la National Geographic Society. Cela n’a pas empêché l’armée de leur pays de bombarder à souhait le pays asiatique fin 2001, ni l’Irak d’ailleurs non plus tout le long de ces dix derPresque neuf jeunes nord-américaines sur dix ne savent pas où se trouve l’Afghanistan, d’après une étude de la National Geographic Society. Cela n’a pas empêché l’armée de leur pays de bombarder à souhait le pays asiatique fin 2001, ni l’Irak d’ailleurs non plus tout le long de ces dix dernières années. Par contre, plus de la moitié de ces mêmes jeunes nord-américains savent pertinemment bien situer sur l’Océan Pacifique l’île où se déroule Survival, une émission télévisée à succès. L’éducation au développement devrait commencer par la géographie puisque celle-ci, et c’est bien connu, sert d’abord à faire la guerre.

Que peut-on rétorquer donc lorsque jeunes et moins jeunes expriment le désir de voyager de par le monde, faire des échanges interculturels, rencontrer d’ autres personnes et découvrir différents manières de vivre. Belle manière, en principe, d’amorcer le dialogue et la compréhension entre les peuples et les cultures et de déjouer la tentation du repli sur ses propres valeurs et certitudes. Et si les associations de jeunesse et de solidarité internationale se mettaient au service de cette volonté en proposant des voyages de découverte interculturelle, qui aurait à redire ?

Le tourisme est une des principales activités économiques mondiales et assurément la forme majoritaire des contacts entre gens du Nord et du Sud.
Les ONG ne devraient-elles pas s’y intéresser, voire proposer des formes alternatives pour ces contacts ? La réponse peut paraître évidente et, pourtant, la gêne que les associations ressentent devant le mot tourisme est clairement perceptible. Il est vrai que le terrain est glissant : les touristes, en plus de consommer de l’eau, de la nourriture et de l’espace, denrées rares, sont des gros consommateurs d’exotisme, de stéréotypes et de lieux communs. Les gens du Sud, eux, doivent se contenter le plus souvent de voyager en immigrés ou en réfugiés, catégories fort peu confortables.

Ce numéro présente une enquête auprès d’une dizaine d’ONG belges francophones à propos d’initiatives qui ressemblent de près ou de loin au tourisme. Suivent une série d’articles qui abordent d’autres formes de contacts Nord-Sud, par le biais de voyages et de la préparation de voyages, des médias, de la publicité, de la récolte de fonds, de la bande dessinée, du courrier électronique… Et si vous tenez à vous rendre sous les tropiques, testez d’abord vos réflexes.