« Des idées dépassées : les ONG qui ont le plus avancé dans la réflexion sur leurs pratiques se sont mises à dénoncer les notions de développement, d’aide, d’assistance technique, de projet et même de tiers monde. Elles pratiquent aujourd’hui bien plus des actions synergétiques Nord-Sud qui s’appuient sur de nouvelles notions théoriques parmi lesquelles l’incontournable notion de partenariat.
« Les projets modernisateurs intègrent aujourd’hui la culture de l’autre comme facteur sur lequel il faut s’appuyer pour mobiliser les énergies populaires. Or, nous avons pris conscience que la sensibilisation à l’autre culture peut n’être qu’une arme de plus dans la main de l’occidental ethnocentré. Ainsi, nos formations intègrent une pédagogie interculturelle qui ne consiste pas à initier à l’autre mais à se décentrer d’abord par rapport à soi-même. Nous souhaitons que nos stagiaires passent du stade ethnocentré au stade du décalage de leurs propres déterminations culturelles.
Il s’agit du détournement d’une affiche publicitaire de Benetton
ITECO organise une journée des partenaires qui réunit autour d’une même table des représentants de mouvements d’envoi de volontaires dans le tiers monde, des anciens volontaires rentrés en Belgique, des ressortissants des pays du tiers monde. La question posée au départ était : A partir de votre pratique et de vos constatations, quels sont les points essentiels sur lesquels il faut centrer la préparation des volontaires ?
C’est le calque exact de la phrase qui terminait ses appels à la résistance à l’État d’occupation allemand depuis Londres où il s’était réfugié pour regrouper les forces de la France libre, en 1940 : « Vive la France libre ! ». L’appel de De Gaulle déclencha une crise politique entre le Canada et la France, en 1967.
ITECO, très critique à l’égard de toute coopération au développement, n’est pas un organisme d’envoi même s’il se trouve partiellement lié à ceux-ci. Il se retrouve face à un effectif de volontaires candidats au départ que la crise économique et la montée du chômage ont contribués à faire grossir ces dernières années.
La catastrophe de Bhopal est survenue dans la nuit du 3 décembre 1984. Elle est la conséquence de l’explosion d’une usine d’une filiale de la firme américaine Union Carbide produisant des pesticides qui a fait plus de 7 mille morts.
Mathias Rust, aviateur allemand, décolle de l’aéroport d’Helsinki, en Finlande, s’écarte de son plan de vol pour pénétrer en URSS à faible altitude et se présente au-dessus de la place Rouge de Moscou devant les yeux ébahis de la population. Après avoir signé quelques autographes, il est arrêté par la police.
Son but ? Promouvoir par son geste la paix dans le monde.
Vous pouvez lire une analyse de cette affiche sur J’avais aimé partir outremer en 68.
ITECO – Interview de Patricio Montecinos : “1968 : Réussir ses week-end à Dworp Halle”
« Patricio Montecinos, tu as été formateur à ITECO entre 1968 et 1971. Peux-tu décrire la formation d’alors ?
Il s’agissait principalement mais pas exclusivement de la formation de volontaires belges qui cherchaient à travailler dans le tiers monde, dénomination qui commençait à se transformer en celle de pays en développement. Les objectifs de la formation étaient trois, si mes souvenirs sont bons : a ) former les candidats volontaires à une réflexion critique sur l’enjeu du développement pour y intégrer leur option ; b ) informer les participants sur les situations concrètes de développement des pays et des régions où ils voulaient partir ; c ) expliciter les différences culturelles, économiques, sociales et politiques entre le monde développé et celui en développement pour mieux percevoir les relations d’une véritable coopération entre eux.
Un objectif important et discret était le suivi des participants, en particulier l’évolution de leur positionnement par rapport à leur option de volontariat. Avec le temps, certains participants réalisaient que les changements nécessaires des relations de développement devaient commencer à se faire en Belgique et en Europe et que, peut être, il valait mieux commencer ici une action pour changer les politiques de coopération plutôt que partir et se plonger dans le tiers monde dans un activisme vraisemblablement gratifiant a titre personnel mais politiquement insignifiant...
Pour atteindre ces objectifs la formation incluait des cours de nature économique et sociale, de nombreux témoignages de toutes sortes, des débats en petits groupes, en séances de mise en commun ou en plénières. L’équipe ITECO comprenait quatre permanents : deux chargés de la coordination de l’ ensemble de la formation et deux responsables des aspects administratifs du cycle. Faisaient aussi partie de l’ équipe ITECO quatre animateurs du tiers monde. En trois ans, leur participation avait évolué, passant d’une présence informative à un appui pédagogique et technique.
Chaque cycle était composé de neuf week-ends de formation que les candidats volontaires devaient réussir pour pouvoir partir. Les activités commençaient tôt les samedis matin. On partait en bus du siège d’ITECO, à l’époque à la rue Traversière, pour Dworp- Halle, aux installations du MOC, je crois.
Parmi les participants, il y avait une légère majorité de femmes, une grande présence catholique (séminaristes, nonnes, curés), des universitaires, des gens de différents parties de la Wallonie, des Luxembourgeois, des Suisses, des Français et des Hollandais, des employés administratifs, quelques artisans et ouvriers, avec des motivations fort différentes pour partir comme volontaires. Cela pouvait aller d’une très forte prise de conscience à une volonté plus au moins claire de quitter son pays d’origine.
La formation réussie à ITECO permettait aux organisations qui le voulaient de recruter des volontaires avec l’appui financier de l’AGCD. Celle-ci avait un cycle de formation similaire mais certains malgré le fait d’être laïcs préféraient suivre la formation d’ITECO... De cette façon, ITECO augmentait petit à petit le nombre de laïcs et de non catholiques parmi ses participants.
Évidemment, à l’ époque les choses se passaient en français et en néerlandais. Nous étions quatre animateurs. Un Indonésien et un Congolais néerlandophones travaillaient avec le groupe flamand. Floribert Kaseba, un psychologue et pédagogue congolais, étudiant à Liège, et moi, nous travaillions avec les francophones. »
On y retrouve la conception dominante à l’époque de l’assistance technique en tant que raccourci permettant aux pays du tiers monde de rattraper leur retard à l’égard des pays industrialisés. Dès ce moment, ITECO prônait cependant une vision non-paternaliste. L’intervention ne pouvait reposer sur une initiative du vieux monde ou apporter un bonheur non voulu par les populations locales.
Autre particularité : le volontaire était censé partir dans un état d’esprit de service désintéressé, empreint d’humilité, non tant pour des raisons d’efficacité que par devoir chrétien d’aide au prochain.
ITECO obtient son agrément comme ONG auprès du Ministre de la coopération au développement. Sa mission est définie comme étant de mobiliser le public belge et européen dans des actions de solidarité avec le Sud, de favoriser la réflexion et l’action commune entre mouvements de la société civile du Nord et du Sud, de dégager des alternatives au modèle dominant, de rechercher le dialogue interculturel.
ITECO, pour son public cible, favorise la formation de personnes relais, afin de donner un maximum d’impact à son action : les animateurs socioculturels, les cadres des ONG, les travailleurs sociaux.