En 2001, le site internet dITECO a été repensé et redessiné. Il sert de dispositif pédagogique interactif complémentaire. Les feed-backs enregistrés à son propos ont été encourageants ; hormis le fait que le public s’élargit par ce média, de nouveaux partenaires découvrent ITECO et formulent des demandes par ce moyen.
Au programme, il y a eu...
Un accueil musical avec Muziek de singe
Un parcours des expositions : Peintures de Michel Elias, illustrations de Boulon
Une table ronde sur ces 50 ans de coopération (stop ou encore ?), avec Oumou Zé, Jacques Bastin, François Polet et Marc Poncelet
Un tirage au sort des cadeaux souvenirs, un moment musical et un buffet à prix démocratique.
Les récits de Pie Tshibanda dans « Je ne suis pas sorcier ».
Et, à minuit, on a dansé avec la musique vitaminée de Naila.
Avec le soutien de la Direction générale du de développement, DGD, et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Vous pouvez lire une analyse de cette affiche sur J’avais aimé partir outremer en 68.
ITECO – Interview de Patricio Montecinos : “1968 : Réussir ses week-end à Dworp Halle”
« Patricio Montecinos, tu as été formateur à ITECO entre 1968 et 1971. Peux-tu décrire la formation d’alors ?
Il s’agissait principalement mais pas exclusivement de la formation de volontaires belges qui cherchaient à travailler dans le tiers monde, dénomination qui commençait à se transformer en celle de pays en développement. Les objectifs de la formation étaient trois, si mes souvenirs sont bons : a ) former les candidats volontaires à une réflexion critique sur l’enjeu du développement pour y intégrer leur option ; b ) informer les participants sur les situations concrètes de développement des pays et des régions où ils voulaient partir ; c ) expliciter les différences culturelles, économiques, sociales et politiques entre le monde développé et celui en développement pour mieux percevoir les relations d’une véritable coopération entre eux.
Un objectif important et discret était le suivi des participants, en particulier l’évolution de leur positionnement par rapport à leur option de volontariat. Avec le temps, certains participants réalisaient que les changements nécessaires des relations de développement devaient commencer à se faire en Belgique et en Europe et que, peut être, il valait mieux commencer ici une action pour changer les politiques de coopération plutôt que partir et se plonger dans le tiers monde dans un activisme vraisemblablement gratifiant a titre personnel mais politiquement insignifiant...
Pour atteindre ces objectifs la formation incluait des cours de nature économique et sociale, de nombreux témoignages de toutes sortes, des débats en petits groupes, en séances de mise en commun ou en plénières. L’équipe ITECO comprenait quatre permanents : deux chargés de la coordination de l’ ensemble de la formation et deux responsables des aspects administratifs du cycle. Faisaient aussi partie de l’ équipe ITECO quatre animateurs du tiers monde. En trois ans, leur participation avait évolué, passant d’une présence informative à un appui pédagogique et technique.
Chaque cycle était composé de neuf week-ends de formation que les candidats volontaires devaient réussir pour pouvoir partir. Les activités commençaient tôt les samedis matin. On partait en bus du siège d’ITECO, à l’époque à la rue Traversière, pour Dworp- Halle, aux installations du MOC, je crois.
Parmi les participants, il y avait une légère majorité de femmes, une grande présence catholique (séminaristes, nonnes, curés), des universitaires, des gens de différents parties de la Wallonie, des Luxembourgeois, des Suisses, des Français et des Hollandais, des employés administratifs, quelques artisans et ouvriers, avec des motivations fort différentes pour partir comme volontaires. Cela pouvait aller d’une très forte prise de conscience à une volonté plus au moins claire de quitter son pays d’origine.
La formation réussie à ITECO permettait aux organisations qui le voulaient de recruter des volontaires avec l’appui financier de l’AGCD. Celle-ci avait un cycle de formation similaire mais certains malgré le fait d’être laïcs préféraient suivre la formation d’ITECO... De cette façon, ITECO augmentait petit à petit le nombre de laïcs et de non catholiques parmi ses participants.
Évidemment, à l’ époque les choses se passaient en français et en néerlandais. Nous étions quatre animateurs. Un Indonésien et un Congolais néerlandophones travaillaient avec le groupe flamand. Floribert Kaseba, un psychologue et pédagogue congolais, étudiant à Liège, et moi, nous travaillions avec les francophones. »
« En mai 68, il s’agit de produire vite , avec les moyens qui se trouvent sur place, par conséquent sans utiliser les presses industrielles. Cette limitation des moyens engendre un style inattendu. La notion d’atelier collectif prend son sens : lorsque le groupe juge une affiche digne d’être diffusée, de petites mains sont là pour les répandre. Sur les mures de l’Ecole pour commencer, puis sur les murs des autres facultés où se tiennent les assemblées générales. Les affiches de mai 68 en France prolifèrent en feu d’artifice. Surprenante est leur récupération quasi immédiate par la culture et l’histoire ».
Le XXème siècle s’affiche, de Jean-Marie Lhôte
ITECO a ouvert un compte en 2011, suivi à présent par 180 abonnés
Parmi les projets de 2004, relevons l’accompagnement pédagogique lors de l’Université européenne d’été en éducation au développement, l’accompagnement méthodologique au monde associatif au Maroc et un grand nombre de formations spécifiques en communication interculturelle.
« En 1966, l’univers de l’affiche artistique est comme une fête visuelle animée par une floraison de talents. Voici la rencontre de deux personnalités hors du commun, Bob Dylan et Milton Glaser.
L’influence du premier a été telle qu’il est devenu tout simplement un mythe et le porte-parole d’une génération qui se retrouve en lui en 1968. Milton Glaser est son aîné de douez ans. Artiste dépouillé et méditatif, il dira avec humour, à propos de cette affiche, que son art qualifié de spécifiquement américain relève de la double influence de Marcel Duchamp et des motifs du Proche-Orient.
Toute la vie y est concentrée dans les cheveux. En 1966, les hippies rêvent de non-violence, de liberté des mœurs, de vie en communautés libres, prônent les vertus de la marijuana et du LSD… Ils portent les cheveux longs, méprisent les produits industriels, se réfèrent aussi bien à Bouddha qu’à Shakespeare, pourvu qu’ils y trouvent leur bonheur. L’affiche de Glaser exprime ce bref instant dans le siècle où des hommes et des femmes rêvent d’un paradis retrouvé ».
Le XXème siècle s’affiche, de Jean-Marie Lhôte
ITECO fête en 1984 son vingtième anniversaire et analyse son parcours depuis sa naissance. ITECO est devenu une organisation pluraliste et s’est dégagé d’une certaine dépendance à l’égard des ONG d’envoi de volontaires. Objectif : plus de justice chez nous comme dans le tiers monde. Stratégie : coopérer à un changement social qui dépasse largement l’aide aux pays en développement en s’alliant avec tous ceux qui refusent les aliénations multiples. Moyens : offrir au public attiré par le tiers monde ou soucieux d’une plus grande justice un lieu d’interrogation sur notre société. Interrogation sur les mécanismes de pouvoir et sur ce qui conditionne nos conduites.
« Après les indépendances des pays africains, beaucoup de Belges expatriés, des collaborateurs laïcs des missions, se sont retrouvés dans les anciennes colonies sur une terre étrangère et sans statut. De plus, le Roi Baudouin dans un discours lança un appel à la jeunesse pour s’engager en faveur du développement des pays du tiers monde. D’une part, suite à l’appel du Roi et du problème de statut du personnel expatrié d’autre part, est née l’idée de créer un statut légal des volontaires belges. »
« C’est ainsi que les premières associations de volontaires se créèrent dont la plupart étaient des associations catholiques. Ces dernières ont créé une fédération appelée ITECO. Le premier ITECO est né en 1963 comme organisation d’envoi des volontaires de la coopération. L’un des buts assignés à l’ITECO est la formation du personnel avant le départ en Afrique et en Amérique Latine. Pour l’Afrique, il s’agit des pays comme le Congo, le Burundi et le Rwanda, et pour l’Amérique Latine du Brésil, la Bolivie, le Pérou… ».
Extrait de Le voyage d’ITECO, du « temps colon » au « post tiersmondisme », Michel Elias